Dunes

steppes d’hiver

Il y a un magnifique film de Kurosawa, où l’on voit un étrange homme des bois, d’allure mongole, chasseur-pisteur, Dersou Ouzala, qui, sentant venir la tempête, dans la taïga sibérienne, coupe plusieurs brassées de joncs pour en faire une hutte et s’y tenir à l’abri, scène impressionnante, angoissante et apaisante à la fois.

Ici aussi, dans ces dessins de Caroline François-Rubino, on serait dans des espaces vastes et gelés, la surface des étangs, couverte d’une pellicule de glace mince, laisse percer les joncs devenus grêles et gris, à peine noirs, presque indistincts dans le brouillard léger, pas vraiment inquiétant, mais un peu hostile quand même,

et pourtant tout attire vers ce pays étrange et mystérieux comme les histoires qui bercent et font peur en même temps, apaisent et inquiètent, un monde de légendes nordiques, où souffle le vent d’hiver, et dont les dieux et les hommes sont absents.

Jean-Yves Pouilloux – 31 mai 2016