Caroline François-Rubino – Peintures autour d’un jardin

August 12 – September 06, 2025 – Librairie Galerie Chant Libre – Montélimar (26 – France)

Opening on Tuesday 12 August from 5 p.m.

Caroline François-Rubino
Peintures autour d’un jardin

Je ne saurais pas nommer les fleurs rouges, à calice vert, mais il me semble que je les
ai connues autrefois quelque part et qu’en les regardant attentivement, des souvenirs
viendraient de loin me les expliquer. Ce que je reconnais surtout, ce sont ces délicates
anémones que j’allais éveiller autrefois dans mon grand jardin à Rome* […]

                                                                                                                          Rainer Maria Rilke

Lieux d’escapade pour le regard et de sérénité pour l’esprit, les jardins ont toujours apporté
à ma peinture une forme de concentration différente de celle induite par la perception d’un
paysage qui s’étend à perte de vue.
Même les arbres n’y ont pas un port identique, ils semblent plus attentifs à ce qui pousse
sous leur ombre tutélaire : foisonnantes tapisseries toujours inachevées.
Dans ces peintures, j’explore les marges d’un jardin, connu ou imaginaire, perdu ou rêvé.

Cette série fait écho au recueil Lettres autour d’un jardin de Rainer Maria Rilke (La Délirante,
1977), une correspondance au sujet de l’aménagement de son jardin à Muzot adressée en
1924 et 1926 à son amie Antoinette de Bonstetten qui suivait alors des cours d‘horticulture.

* R. M. Rilke, lettre du 20 mars 1926 (extrait) dans Lettres autour d’un jardin, frontispice de Sam Szafran,
La Délirante, Paris, 1977, p. 33. Réédition en 2014 avec un frontispice de Balthus.

Letters around a garden, traduction par Will Stone, Seagull Books, 2024.

À l’origine de cette exposition, il y a la lecture des Lettres autour d’un jardin de Rainer Maria
Rilke publiées par La Délirante en 1977 et traduites en anglais par le poète Will Stone en
2024 chez Seagull Books.
Ces lettres ont été adressées en français en 1924 et 1926 à Mlle Antoinette de Bonstetten,
sa jeune amie qui suivait des cours d’horticulture à Lausanne, avec une interruption en 1925
lorsqu’il se trouvait à Paris.
Rilke a séjourné de l’été 1921 à la fin décembre 2026 au Château de Muzot-sur-Sierre dans le
canton du Valais en Suisse. Il meurt le 29 décembre 1926 à Val-Mont, à l’âge de 51 ans.

C’est en quelque sorte le centenaire de ce jardin de Muzot que Rilke souhaitait rénover et
dont il est question dans ces vingt-deux lettres. Très touchantes, elles évoquent non
seulement l’aménagement du jardin et de la tour médiévale occupée par le poète, mais aussi
des souvenirs et des impressions liés à des lieux précis. À cet échange affectif, ces espoirs de
rencontres et de possibles rendez-vous les vendredis, malgré sa santé déficiente, s’ajoutent
parfois des conseils de lecture comme La Bête du Vaccarès de Joseph d’Arbaud ou Beautés
de La Provence de Jean-Louis Vaudoyer.

Dans le Valais, Rilke a trouvé un lieu qui lui rappelle à la fois l’Espagne et sa chère Provence,
par ses arbres, ses fleurs et même ses papillons, par son paysage de vignes en terrasses le
long de la vallée du Rhône.
C’est là qu’il a terminé notamment les Élégies de Duino, écrit Les Sonnets à Orphée et
traduit Paul Valéry. Les poèmes du recueil Vergers comprenant entre autres Les Quatrains
valaisans, Les Roses et Les Fenêtres y seront écrits en français.
C’est dans une de ces lettres que Rilke explique pourquoi ne trouvant pas d’équivalent au
mot Verger dans d’autres langues, il s’est mis à écrire en français.

Ce jardin de Muzot, je l’ai imaginé, au fil des mois et des saisons, au gré de ses floraisons.
Avec des parterres de fleurs et d’herbes inondés de lumière, un verger à l’ombre duquel le
poète devait aimer se promener ou se reposer, un jardin de roses, comme celles qu’il a tant
célébrées, des anémones…
C’est aussi tous les jardins que nous aimons ou que nous avons aimés.

Peintures autour d’un jardin comprend 22 peintures comme le nombre de lettres du recueil.
– une série de 12 tondo du même titre
– une série de 6 toiles rectangulaires intitulée À l’ombre du verger
– une série de 4 toiles carrées intitulée Le jardin de roses
– enfin, le triptyque Derniers bouquets est un hommage à Rilke et à Cézanne.