Fragments – Caroline François-Rubino et Gilbert Houbre

du 3 juin au 3 juillet 2022 – Galerie L’Œil Écoute – Lyon

La première heure du premier jour, Caroline François-Rubino s’éveille et s’offre, et tout lui apparaît comme si les définitions n’avaient plus de poids, que l’on a cru nécessaire d’imposer à toute chose : les arbres, les dunes, les nuages respirent en la respiration du monde.

L’œuvre de Caroline François-Rubino ne s’ajoute pas, ne domine pas, elle participe. Ces arbres, ces dunes, ces nuages ne sont si présents – discrètement, intensément – que parce qu’ils entrent sans cesse dans cet espace où n’ont jamais rivalisé, où s’équilibrent résonance et silence, vide et plénitude.

Rien de plus exemplaire aux yeux de Caroline François-Rubino que les roseaux, ils vibrent, ils révèlent les souffles qui les animent. Pour valoriser les couleurs qu’elle préfère, les plus fluides, celles des passages, elle emploie volontiers le calame, ce fin roseau qui a servi jadis à l’écriture, ainsi nous fait-elle voir les « frais et blêmes éclats » de « l’aube d’été » chère à Rimbaud, mais voir la lumière, ici, c’est l’entendre, interprétée par la flûte de l’Iran, le ney, cet autre roseau.

Avec Caroline François-Rubino, peinture est musique.

Pierre Dhainaut